9 novembre 2008

Où est l'Obama français?

L'élection de Barack Obama a entrainé en France un certain nombre de réactions de la part des grands médias français qui tenaient à être de la fête.

Il y a tout d'abord le retour du "rêve américain". A l'heure où le déclin américain apparaît inéluctable, celui-ci il est oublié, balayé, éradiqué par l'euphorie de la victoire d'Obama. C'est le retour de "l'Amérique qu'on aime" comme l'a dit, par exemple, Arlette Chabot sur Europe 1, sauf qu'elle oublie un peu vite les facteurs démographiques, économiques et structurels qui ont modifié profondément ce pays et qui ne ressemble plus à l'image qu'elle s'en fait. De quelle Amérique parle t-on? Entre la crise qui s'est répandue sur la planète, deux guerres qui sont des échecs patents, une dette abyssale, une absence de couverture sociale pour un grand nombre d'américains, le rêve a plutôt tourné au cauchemar ces dernières années.
Dans ce contexte, alors qu'il est encore appelé "l'homme le plus puissant du monde" par un certain nombre de journalistes et d'éditorialistes prisonniers de leurs vieux réflexes du passé et de vœux pieux, le président est l'otage de la finance mondiale qui semble rester insensible à ses charmes; si l'on observe les cours de bourse.

Le parallèle entre Obama et les politiques français que ces derniers ne manquent pas de faire est aussi savoureux. Nonobstant les intérêts divergents entre les Etats-Unis et l'Europe sur de nombreux sujets, la récupération n'a pas manqué. Obama est de sang mélé, comme Sarkozy qui s'était défini ainsi dans son "formidable discours du 14 janvier 2007" dixit J.F Copé ou encore Obama candidat du nouveau et non conventionnel comme Royal, sauf que cette dernière occupait déjà des fonctions politiques lors du premier septennat de François Mitterrand.
Bref, la situation politique et sociale entre les deux pays est tellement différente que les leçons de modernité que nous donne la "plus grande démocratie du monde" qui permettent de ringardiser une nouvelle fois le modèle français fait fi de cette réalité.
Ainsi, les Etats-Unis sont un agrégat de communautés alors que la France à fait le choix de l'assimilation, ce qui implique par exemple que les mariages mixtes sont beaucoup moins fréquents de l'autre côté de l'Atlantique. Or, c'est un grand atout pour la France qui devrait être salué comme un signe de modernité.

Au lieu d'expliquer ces différences entre les deux sociétés, la palme du ridicule revient à ce sondage de l'Ifop paru dans le JDD du 2 novembre.
A la question : Personnellement, pourriez-vous un jour voter à l'élection présidentielle pour un candidat noir? 80% des sondés répondent par l'affirmative. A la même question pour un candidat d'origine asiatique ou maghrébine, le taux chute à 72 et 58% respectivement.
Quel est l'intérêt d'un tel sondage? Sans doute sert-il une nouvelle fois à rendre ringards les partis politiques qui seraient plus racistes que la population. Le sondage omet à bon compte les questions d'accès à l'emploi, au logement où des discriminations subsistent et qu'il conviendrait de faire cesser. Il montre, en revanche, une nouvelle fois le côté réducteur et manichéen vers lequel le système médiatique tend, où l'on évacue l'individu et le programme politique éventuel au profit de la seule couleur de peau. Belle façon de faire l'inverse de ce que l'on dénonce.


Sondage exclusif Ifop pour Le journal du Dimanche

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