25 février 2008

Le droit d'insulter ses sujets

Parmi les justifications de la garde rapprochée du Président, suite au déjà fameux "casse alors toi pauvre con"(traduit par les quotidiens japonais par うせろ、馬鹿野郎), celle du Premier ministre procède d'un raisonnement curieux.
En effet, celui-ci déclare "Ce que je trouve totalement anormal, c'est que quelqu'un refuse de serrer la main du président de la République. On peut ne pas aimer le président de la République, sa politique, ne pas l'apprécier, mais le président de la République, on lui serre la main, on ne lui parle pas comme l'a fait ce personnage".
Dans les droits et les devoirs qui s'imposent à chacun normalement, le Président ne retient que les premiers ici encouragé par le chef du gouvernement (si ce titre a encore un sens). Il a le droit de réagir "avec son tempérament et avec son caractère" comme le dit Fillon, droit qui est refusé à ses contradicteurs qui non seulement doivent lui serrer la main mais aussi se taire devant les insultes présidentielles.
Non réciprocité des droits et devoirs toujours toujours dans l'affaire du SMS. Le président pénalement irresponsable se permet d'assigner un journaliste au pénal.
Il a, garanti par sa fonction, une immunité lui conférant une place à part dans le champ démocratique et un tel dévoiement de sa part choque immanquablement.
Ne parlons pas de l'avis du Conseil Constitutionnel qu'il a essayé de contourner en faisant appel à la Cour de Cassation, décision inique.
Cela n'est pas anodin quant à la désacralisation de la fonction présidentielle, dont Régis Debray pressentait les dérives dans L'obscénité démocratique d'un côté et de l'autre le renforcement d'un pouvoir personnel qui confine à la monarchie élective puisque s'affranchissant des règles de la constitution et de la courtoisie.

1 commentaire:

gautier a dit…

Cela dit je ne pense pas que ce soit une mauvaise opération pour lui. Pour faire un peu de socio de comptoir en reprenant goffman, on repprochait à mittérand et chirac le masque de président de la république qu'il portait sur la "scène publique" et qui les rendait inaccessibles. En réagissant spontanément de la sorte (comme je l'aurai fait également sans doute), je ne pense pas que cela choque l'électorat populaire en partie responsable de son élection, qui se dira sans doute: "c'est un homme après tout...". En montrer trop ne plaît sans doute pas, mais, selon moi, laisser échapper de telles émotions ne touche pas véritablement sa crédibilité et son image auprès de l'électorat populaire, son fond de commerce.